dimanche 21 décembre 2014

La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain

Antoine Laurain a le don de nous emmener avec lui dans son intrigue ( J'avais déjà adoré Le chapeau de Mitterrand*). Sans verser dans le fétichisme, il part d'un objet, en l'occurrence un sac à main, et remonte la piste jusqu'à sa mystérieuse propriétaire.
Le "découvreur" du sac abandonné est en fait un sympathique libraire, Laurent, qui n'a pour seuls indices que le contenu du sac, vidé bien sûr de tout élément éponyme. Pourtant, les objets du sac livrent tous quelque chose de l'histoire de cette femme, notamment ce fameux carnet en moleskine rouge qui contient ses pensées.
On suit Laurent dans son parcours d'enquêteur, d'abord simplement préoccupé de restituer ce sac qu'il devine volé puis intrigué et finalement séduit par Laure (oui, c'est ainsi qu'elle s'appelle, comme la promesse d' une résonance entre eux...) dont il devine toute la délicatesse. 
C'est avec beaucoup de sensibilité qu'Antoine Laurain aborde la construction du sentiment amoureux. L'intrigue, bien dosée, modifie progressivement sa focale entre "pourra-t-il lui rendre son sac ?" et "vont-ils s'aimer ?" (ce que l'on espère vivement tant les personnages sont attachants). 
Quand je repense à ce livre, j'ai bien sûr le sentiment d'avoir lu une belle histoire et ça peut paraître incroyable, j'ai immédiatement deux impressions olfactives associées : l'odeur du cuir de ce sac à main (mauve !) et l'odeur poudrée du parfum de cette femme. 
"Une transgression. Un homme ne fouille pas dans le sac d'une femme - même les peuplades les plus reculées devaient elles aussi obéir à cette règle ancestrale. Les maris en pagne n'avaient sûrement pas le droit d'aller chercher une flèche empoisonnée ou une racine à grignoter dans le sac en peau tannée de leur épouse." (p 41)
*Oublié par son propriétaire dans une brasserie parisienne, le célèbre chapeau est récupéré par un individu tout à fait lambda dont la vie est aussitôt bouleversée... Talisman ou placebo ? A nouveau perdu, le couvre-chef passe de tête en tête comme autant de nouvelles qui permettent de revisiter avec nostalgie la France des années 80. Mais qui a dit que le président ne surveillait pas de loin son précieux feutre ?

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