mardi 23 décembre 2014

Toute ressemblance avec le père de Franck Courtès

Je dois admettre qu'il est assez stupide d'écarter un livre en fonction de son titre mais c'est ainsi, le titre est pour moi comme une promesse. Je suis donc clairement passée à côté du premier ouvrage de Franck Courtès dont le titre évoquait la course à pied...très peu pour moi, merci. Depuis, j'ai appris qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles et il figure en bonne place dans ma pile à lire (que je gère certes avec la plus grande anarchie).
Par contre, j'ai bien fait de persister (second principe de lectrice) dans la lecture de "Toute ressemblance avec le père" car je dois bien l’avouer, le début du roman ne m’avait pas vraiment convaincue. Je ne voyais pas bien où Franck Courtès voulait nous amener, à suivre son héros, Mathis, un photographe séducteur, célibataire et immature.  A tourner en rond en fait, comme Mathis, marqué par la disparition brutale de son père alors qu’il est adolescent, incapable de construire sa vie d’adulte à l’aune d’une figure paternelle entièrement fantasmée par l’ensemble de la famille, à commencer par Mireille, l’épouse trompée qui s’accroche au leurre d’un bonheur conjugal passé, puis Vinciane, la fille, archéologue parcourant la planète, quel que soit le danger, comme un défi permanent pour rester digne de son père et enfin lui-même qui collectionne les conquêtes comme son père avant lui.
Pourtant Mathis sait qu’il n’est plus possible de surnager ainsi dans cette nostalgie paralysante. Pour s’affranchir de la tutelle fantomatique, il doit régler le solde du passé, retrouver celui qui l’a privé de son père.
Une partie du roman se déroule en province, dans la Marne, territoire bien connu de l’auteur et dont il brosse d’ailleurs un portrait sociologique, comment dire… sans détours. Mais c’est avec une véritable tendresse que Franck Courtès nous amène à percevoir, davantage qu’il ne décrit d’ailleurs, cette nature composite faite de champs et de vignes, de forêts et de pièces d’eau, sillonné par le « ruban d’argent » de son cours d’eau éponyme. On y découvre quelques « spécimens locaux » (j’emploie l’expression car il les a caricaturés à dessein) finalement attachants…
Progressivement, Mathis qui m’agaçait tant au début du livre a gagné mon empathie (le passage où il décrit l’amour que sa sœur lui porte malgré ses défauts est particulièrement touchant) et c’est avec respect, encouragement (mais tu ne le vois pas que le bonheur est à ta portée ?) puis soulagement (voilà, il l’a enfin vue !) que je l’ai accompagné dans son parcours vers la paternité et le bonheur qui en découle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire