dimanche 5 juillet 2015

L'élixir d'amour d'Eric-Emmanuel Schmitt

Je lis assez peu de romans d’amour. Je crains de m’ennuyer au bout de quelques pages, de me sentir incongrue dans l’histoire quand celle-ci devient trop intime. En général, je finis par trouver ça mièvre et quand c’est beau, j’ai une petite tendance à penser que c’est une beauté facile à obtenir, un peu comme l’écume portée sans effort par la vague. Bref, je ne suis pas très bon public avec les romans d’amour, pas plus qu’avec les romans épistolaires d’ailleurs (et justement ceux qui évoquent les circonvolutions amoureuses) car selon moi, le best a été atteint dès le XVIIIème siècle, tout le monde aura compris à quel livre je fais référence. J’aurais pu nuancer ce propos après la lecture de Eux sur la photo d’Hélène Gestern que j’ai trouvé bien écrit, intéressant, bref réussi mais, portée par un enthousiasme soudain, j’ai cru bon d’enchaîner avec Quand souffle le vent du Nord  de Daniel Glattauer et l’ennui provoqué par cette lecture m’a échaudée pour un bon moment. C’est donc avec circonspection que j’ai entamé ce livre, conseillé par une amie.  Heureusement dans le bagage des a priori m’accompagnant tel un lest par trop pesant, rien sur l’auteur. Il est certes plutôt prolixe mais je ne le connaissais que de nom. Mais
Merci à C-M pour ce beau moment
de lecture
venons-en à ce livre que je n’aurais jamais tenté si on ne me l’avait pas conseillé (le titre associé à la couverture, pour moi qui aime assez la sobriété, c’est un peu too much…). 
L’élixir d’amour est en fait davantage un roman sur l’amour qu’un roman d’amour (quoi que…). Il amène à réfléchir sur ce qui provoque le sentiment amoureux et peut-être aussi sur ce qui le fait durer ou non. Adam (prénom dont le choix ne doit sans doute rien au hasard) et Louise, amants fraîchement séparés au terme d’une relation intense de 5 ans entreprennent une correspondance, de part et d’autre de l’Atlantique, dans laquelle ils analysent le déclenchement du sentiment amoureux, son développement, le rapport au désir, à la jalousie, à la fidélité. Les deux épistoliers tissent une sorte de carte mentale autour du mot « amour » le triturant dans tous les sens de manière fort pertinente (un florilège de citations…). Il est psychanalyste, rompu à tous les décorticages possibles en matière de sentiments ; elle est avocate, spécialiste en argumentation. Ils sont bien sûr tous deux très intelligents, subtils même et c’est un véritable plaisir de les lire sous la plume de cet auteur qui sait assez bien doser son écriture. Même la forme épistolaire n’est pas pesante, l’auteur a évité l’ajout de la date qui n’apporte rien et surtout, il s’est tenu à l’usage des lettres et ne s’est pas abaissé aux SMS (oui, je dois être ringarde, je trouve qu’il y a des limites à ce qu’on peut intégrer dans un roman). Le passage un peu mièvre, à mon sens, celui où Adam décrit son état amoureux pour Lily est assez réduit, donc supportable… Quant à l’issue du roman, le « quoi que » un peu plus haut, invite à penser que la carte mentale s'apparente peut-être à une toile, amoureusement tissée bien sûr...

2 commentaires:

  1. J'avoue avoir les mêmes a priori que toi ;-) et placer également au firmament LE roman épistolaire que tu évoques... et malgré ce que tu dis de ce livre, je ne te sens pas suffisamment enthousiaste pour te suivre !

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    1. Disons qu'il correspond globalement à ce que j'arrive à lire en ce moment. Mais ça me rassure de lire que je ne suis pas la seule qui n'apprécie pas vraiment les romans d'amour.

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