dimanche 1 mai 2016

Maman, je t'adore de William Saroyan

Oui, en effet, je l'adore.
Après Papa, tu es fou, j'avais très envie de retrouver ce ton incomparable de l'enfance que William Saroyan sait donner à ses romans. C'est chose faite avec Maman, je t'adore, une maman toujours nommée Mama Girl par sa petite fille de 9 ans, la narratrice, elle-même appelée de toutes sortes de façon tendre par sa mère sans que l'on apprenne jamais son prénom.
Nous sommes en 1956 aux Etats-Unis. Mama Girl et papa boy sont divorcés et depuis, Mama Girl est un peu paumée. 
Quoi que...elle sait quand même, à 33 ans, qu'il est temps pour elle de saisir sa chance à New York si elle veut percer dans une carrière de comédienne. Une baby-sitter qui n'arrive pas et voilà sa "grenouille" embarquée avec elle depuis la Californie jusqu'à la 5ème Avenue, adresse prestigieuse mais qui cache en fait une minuscule chambre de l'hôtel Pierre. La Grenouille croasse tellement bien que c'est finalement à elle qu'on propose un rôle dans une pièce inédite. Mama Girl est perplexe. Elle sent bien que sa petite fille pourrait accepter de jouer, rien que pour qu'elle obtienne aussi sa chance. Même si elle a l'air parfois d'une mère enfant, même si elle paraît préoccupée d'elle-même ou de sa carrière, elle n'est pas égoïste au point d'imposer ça à sa fille car toujours, l'amour maternel lui indique la bonne décision et c'est ce qui est particulièrement touchant dans ce livre. 
Le projet est retenu et Mama Girl obtient finalement un rôle important. Rien n'est facile, il faut améliorer le texte, tout créer et surtout convaincre les commanditaires d'apporter leur financement. 
Avec ce livre, on est aussi au cœur de la genèse d'une pièce de théâtre, l'enthousiasme, les heures de travail pour défendre au mieux son rôle, l'attente tendue de la critique.
Entre deux répétitions, mère et fille s'accordent quelques promenades dans New York et c'est avec beaucoup de sensibilité que William Saroyan a su rendre l'ambiance de certains lieux, Coney Island, par exemple.
Pour le lecteur qui aurait lu Papa, tu es fou,  je précise qu'il ne faut pas s'attendre tout à fait à la même épure et cette histoire-ci paraîtra peut-être un petit peu moins exclusivement poétique ce qui ne lui enlève pas sa valeur. Davantage de personnages secondaires interviennent et le projet autour de la pièce de théâtre densifie le roman. Pour autant, il reste la charmante fraîcheur des dialogues entre cette jeune maman et sa petite fille. Du haut de ses 9 ans, elle ne propose pas de réponses savantes. Willima Saroyan n'a pas cherché à faire d'elle une mini-adulte pour la rendre plus intéressante mais il a su rendre avec finesse cet amour inconditionnel qu'elle voue à sa mère.
Quant à la maman, on voit bien qu'elle fait du mieux qu'elle peut. Parfois, elle se trompe, doute trop et s'en veut de ne pas avoir été à la hauteur,  en se rappelant à quel point on ne pardonne pas grand chose à une femme divorcée avec enfant dans les années 50...

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